
Mes chers élèves,
Le 6 juillet 2015 (oui, c’est précis, merci l’Internet), j’écrivais cet article : Lettre ouverte d’une prof de yoga à ses élèves
C’était il y a presque longtemps maintenant et c’était aussi presque à mes débuts.
Aujourd’hui, je vous redirai tout pareil, mais je rajouterai quand même quelques trucs…
Vous n’avez aucun compte à rendre
Certaines fois, quand je viens vous corriger avec un « Appuie toi plutôt sur le bout des doigts », j’entends votre réponse avec un « Oh oui, d’accord, désolé »
Ne vous excusez de rien. Pour moi, c’est comme si vous m’aviez dit « Je m’excuse d’avoir la cuisse droite un peu faible », « Pardon de ne pas être parfait »
Je ne viens pas vous corriger pour vous embêter ou vous enseigner une vérité vraie. Juste pour faire comprendre une posture, vous la faire ressentir mieux ou, parfois, vous empêcher de vous faire mal. Il n’y ici aucune pression de posture parfaite et vous n’avez de compte à rendre à personne, et encore moins à moi, sur votre pratique et votre corps.
Votre voisin de tapis est super chouette
Toutes les semaines, vous êtes là, dans la même salle, à suer sur votre tapis, que vous posez peut-être toujours au même endroit (oui, je vous vois hein !)
Et votre voisin est là aussi. Il pose aussi toujours son tapis au même endroit (je l’ai vu aussi) Il y a 15 jours, vous vous êtes même retrouvés ensemble pour travailler une posture (Spoiler : il s’agit parfois d’une technique de prof pour vous obliger à vous parler et à travailler ensemble. Nous sommes machiavéliques, je sais.)
Je ne vous ferai pas le laïus sur le fait que yoga veut dire union hein. Je vous dirai juste quel plaisir cela fait, en tant qu’élève, de retrouver des gens qu’on apprécie d’une semaine à l’autre, à qui on peut raconter tout et rien, mais aussi en tant que prof, de voir qu’on a réussi à créer un truc entre nos élèves.
Chaque semaine, je souris en écoutant les discussions de 2 de mes élèves du 1er rang qui ne se connaissait pas il y a 6 mois. Le mieux, c’est quand elles vont boire un café ensemble à la fin du cours.
Votre prof de yoga est un Etre Humain
Oui, je sais, ça fait un choc un peu. (J’ai eu la même réaction en croisant ma maitresse de CP dans le rayon yaourts d’Auchan quand j’étais petite)
Alors, ça peut paraitre un peu bête, mais n’hésitez pas à venir nous parler au début ou à la fin du cours. On sera content, promis. On fait ce métier pour le contact humain un peu beaucoup. Mais certaines fois, quand on enchaine beaucoup de cours dans une semaine, on a vite fait de se sentir comme un robot. Alors, si vous avez aimé, dites le nous. Si vous avez été surpris de quoi que ce soit, dites le nous.
Et puis certaines fois, comme tout le monde, nous avons eu une mauvaise journée, nous sommes fatigués. Ces moments où il nous faut trouver l’énergie de donner le cours dans nos réserves. N’hésitez pas à nous sourire, généralement, cela nous rappelle vite pourquoi nous sommes là.
Le savasana, c’est sacré en vrai
On peut venir sur un tapis de yoga pour trouver multiples choses. Et certains jours, cela sera juste parce que vous avez envie de bouger, de vous étirer ou de vous essorer. Alors savasana (qui veut dire « posture du cadavre »), la relaxation immobile à la fin du cours, peut vous sembler inutile. Et je vous vois gesticuler ou ouvrir les yeux.
Et pourtant, c’est la posture la plus importante de votre pratique, ne l’évitez pas. A nouveau, prenez ce temps pour vous, comme une digestion de tout ce que votre corps et votre esprit a vécu. Une digestion nécessaire pour en garder tous les bienfaits. Et puis étirez vous, comme un 2e réveil dans votre journée. Ce n’est pas pour rien que l’on passe de la posture du cadavre, à celle du foetus et que l’on revient assis. C’est comme le début d’un nouveau cycle, tout neuf.
Et puis, si vous voyiez toutes les gesticulations que je fais parfois pour chasser toute personne, tentant de rentrer dans la pièce ou de faire du bruit, qui pourrait gâcher votre savasana…
C’est seulement à propos de vous
Cette heure de cours que vous vous offrez est juste pour vous et ne devrait tourner qu’autour de vous (Attention, je ne vous dis pas ici de piétiner votre voisin par inattention hein)
Ce sont vos respirations, vos postures. Tant pis si elles ne sont pas parfaites. Ne vous comparez pas avec votre voisin (toujours lui) mais surtout n’essayez pas de l’imiter. Vous n’avez pas la même pratique, pas le même corps.
Gardez votre regard sur vous-même. Ne copiez pas à côté (j’ai déjà vu tout un 1er rang se tromper sur une séquence entière comme ça). Et ne me regardez pas moi non plus quand je bouge dans la salle (Secret : généralement je ne fais rien d’intéressant), écoutez juste ma voix.
Je sais c’est rassurant quand on est un peu perdu : un coup d’oeil sur la prof, un coup d’oeil sur le voisin.
Vous n’en avez pas besoin, vous avez déjà tout ce qui est nécessaire en vous.
Voila, mes petits yogis, comme pour la version précédente, j’aurai pu continuer longtemps à écrire.
Mais je vous propose d’attendre la version 3, dans un an et demi surement 🙂
Merci, merci de m’avoir fait aimer le yoga et merci de nous dire tout ça aujourd’hui.
A bientôt j’espère, même si les cours à CoWork Crèche semblent ne plus avoir lieu. Il va falloir que je trouve le moyen de m’organiser pour venir à un autre de tes cours, ailleurs… parce que ça me manque 😉
Ah la première est tellement vraie! Merci pour ce bel article Alix.
Merci Alix, tu me / nous fais du bien et rien que pour ça …. Gros coeur ❤ 🙂